Très ancien, le tissage traditionnel est encore en usage dans de nombreuses régions du monde. Réalisé sur un métier vertical (à haute lice) ou horizontal (à basse lice) d’une grande simplicité, il demeure, le plus souvent, un art féminin. On le rencontre, notamment, là ou certains rites ancestraux ont survécu à l’impact de la cité. Le Maroc présente, encore aujourd’hui, une grande diversité culturelle. La barrière montagneuse que forme le haut Atlas n’est pas étrangère à l’extraordinaire conservation identitaire des villages de terre qui dorment en son sein. C’est à travers l’artisanat marocain qu’explose leur mémoire. L’art du tissage est, à cet égard, l’un, des plus précieux témoignages du passé.
Tissage Marocain |
De la fin du XIX siècle au milieu du XX, la tribu Glaoua dominait de part et d’autre du haut atlas un territoire immense unifié par la langue tachelhit.
Cette aire géographique prenait naissance au col du tichka au pied de télouet pour atteindre Ouarzazate le sous et le Haouz de Marrakech connu par les géographes de l’antiquité, le col de télouet, situé à 1800 mètres d’altitude entre Marrakech et Ouarzazate, était appelé autrefois, la « porte du Deren » (le Deren désignant l’atlas).
Atlas Marocain |
D’accès facile, à la croisée des chemins empruntés par les caravanes qui sillonnaient le Maroc, il était un nœud stratégique de première importance.
Généreusement dotée en eau n rivières et nappes souterraines, sa vallée abritait un caravansérail ou’ l’on séjournait surtout en hiver, lorsque les tempêtes de neige étaient trop fortes et qu’elles rendaient les pistes impraticables.
Le souk de télouet était riche. Protégée par les mokhazni (soldats), plus que toute autre, cette région offrait aux pèlerins et aux commerçants du pays et des contrées lointaines, d’y circuler en toute tranquillité. Les convois lourdement chargés d’orge et de laine, mais aussi de plantes tinctoriales, de pétales de roses, et des dattes en provenance du sud marocain animaient, par leur passage, les chemins de poussière.
Maroc Atlas |
Des denrées étrangères comme le sucre, le thé et les bougies conduites à travers le pays, passaient également par là. Jusqu’au début du XX siècle, des esclaves noirs venus di soudan suivaient les dromadaires et les mulets chargés d’or, métal que les berbères troquaient contre le sel de leurs mines. Les plus anciens habitants se rappellent encore : « On trouvait tout à télouet, télouet avait la réputation de garder ceux qui y passaient. »
Les choses les plus belles et les plus précieuses y étaient exposées. Parmi elles, des caftans et des étoffes de laine ainsi que des tapis marocains. Des étoffes de laine ainsi que des tapis.
Tapis marocains |
Aujourd’hui, réalité du tapis Glaoua couvre une immense région. Bien que très diversifié le registre du tissage connaît une grande cohésion stylistique. Au début du siècle dernier, les marchands qualifiaient de Glaoua, tous les tapis qui provenaient de telouet et des souks des différentes tribus placés sous son contrôle. En fait certains pensent qu’avant de s’étendre de part et d’autre de l’Atlas, le style dit Glaoua est né ailleurs, chez les Aît Ouaouzquit ou chez les Sektana, Tribus voisines.
Désormais, bien que le synthétique soit largement porté, le tissage marocaine a conservé toute a valeur symbolique. Pourtant très affairées, les femmes continuent de tisser, avec la même ardeur, pour la maison, pour le mariage de leurs filles et pour les hommes.